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Een blog over Frans-Vlaanderen, de Nederlanden en Europa
Wido Bourel

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Polemiek over het Nederlands in Frans-Vlaanderen

Oui au néerlandais et au westflamand, non à l’invention d’un nouveau Volapük

Ma réponse à Jean-Paul Couché, président de l’ AVNT

  1. Pour m’être fait insulter à plusieurs reprises par des personnages de ta mouvance, tu voudras bien noter que le ton de mon propos est inversement proportionnel à ceux tenus par tes collaborateurs. Je n’ai pas de  leçons de morale à recevoir. Deux Flamands fumant le calumet de la paix, voilà qui peut cependant s’imaginer, mais j’y mettrai la condition que tu cesses de faire passer des messages sournois – et moins élégants que ta réponse – par personnes interposées.
  2. Il ne faut pas mélanger les genres : l’art de la polémique ne se confond avec les insultes que pour les âmes de mauvaise volonté. Quant à refuser de croiser l’épée  – en me répondant que tu ne vas plus répondre  – avoue que c’est un peu facile.
  3. Citoyen français de nationalité flamande, j’ai le droit et le devoir de critique envers un état qui a transformé notre bout de Flandre en une région culturellement et économiquement en voie de développement. Je ne me sens pas seul dans ma démarche que je résume en affirmant haut et fort que la Flandre, et avec elle tout l’ensemble Nord-Pas-Calais, doit s’ouvrir à son delta naturel que sont la Belgique et les Pays-Bas, pour sortir des 20 % de chômage et de la décomposition culturelle avancée, résultat d’une politique centralisatrice et niveleuse dont on découvre encore tous les jours les méfaits et la misérable incompétence comme du coté de Calais.
  4. Les Pays-Bas, comme l’a constaté  très justement Charles  de Gaulle, sont une des plus anciennes nations européennes qui a conquis son indépendance dès le XVIe siècle. Cela explique sans doute pourquoi les Néerlandais n’ont guère de complexe en matière linguistique. Et c’est tant mieux.  Au sud, les Flamands de Belgique ont dû, au 19ième siècle, mener une politique de défense contre la francophonie envahissante. Plusieurs pistes ont été suivies, depuis le particularisme de Guido Gezelle –  champion du West-Vlaams mais sans recourir à l’écriture dialectale que tu préconises ! – jusqu’à accrocher le wagon au train du néerlandais. C’est cette dernière piste qui en définitive a été retenue. Si tu veux mon avis, c’était la sagesse même.
    Bien entendu on peut avoir une autre opinion, regretter ou pas, mais ceci mérite tout de même autant d’empathie que celle que tu attends lorsque tu expliques la situation de la Flandre en France. Sauf si l’ANVT veut refaire l’histoire. Mais tout ceci ne me semble pas très réaliste.
  5. Tu peux toujours suggérer sans rire que l’apprentissage de la langue néerlandaise véhicule l’irrédentisme. Cà, et le coup du néerlandais ‘langue étrangère’, j’ai honte pour toi. A ce niveau du débat pourquoi ne pas ajouter que faire de la bicyclette au-delà de la frontière ou aller déguster des moules avec des frites et du vin de Moselle à la Panne relève du même crime. Si la défense de l’enseignement du flamand t’oblige à argumenter de la sorte, alors moi j’ai le devoir de te dénoncer pour collaboration avec l’occupant. C’est du même niveau zéro de la pensée. Mais où est donc l’Europe dans tes propos, la vraie, la seule, celle héritière de Charlemagne et qui n’a que faire de ce carcan franco-français dans lequel tu veux mettre notre culture et notre langue ? Et si l’Europe des tomates et des réfugiés tombe en panne, sachons maintenir le cap dans la direction de notre pré carré : le Benelux. L’écrivain franco-anglais Hilaire Belloc a eu cette belle phrase : Ma patrie c’est la Mer du Nord.
  6. Je déplore que l’éducation jacobine t’aveugle à ce point:  séparer artificiellement le flamand du néerlandais, c’est couper les vivres au flamand que tu prétends défendre. La méthode est bien rodée car elle  fait partie de la panoplie franco-française pour faire régner l’ordre à l’est et au septentrion. On en a vu les effets du côté de l’Alsace:  Il fallait, après la guerre, à tout prix et le plus longtemps possible, mettre des bâtons dans les roues de l’enseignement de l’allemand, cette autre symbole de l’irrédentisme, au profit du dialecte alsacien. Une fois les têtes tombées et le méfait accompli, il suffisait de trouver quelques janissaires pour expliquer que l’alsacien n’a rien à voir avec l’allemand, c’est bien connu, et que c’est une langue à part entière. On laisse ensuite passer les décennies puis, magnanime, on tolère l’enseignement de la langue redevenue ‘étrangère’ pour faire bonne impression dans le cadre de l’amitié franco-allemande. Recueillons nous un instant lors la cérémonie aux accents de la Marseillaise, mais évitons dans le cas de l’Alsace les remises de médailles aux anciens combattants ( car il faudrait aussi commander des décorations allemandes pour les autochtones). Evitons également le discours de circonstance en alsacien puisque, comme tu le dis si bien dans ton beau langage d’académicien, ‘il n’y aurait pas d’intercompréhension entre ces deux langues’. CQFD.
  7. Tu passes allègrement sur le fait que la langue parlée dans les pays de culture germanique est une chose, et la langue écrite une autre. Justement, parlons-en. Dans nos archives communales et régionales je ne trouve quasiment pas de textes écrits dans une autre langue et dans une autre orthographe  que celles pratiquées dans l’ensemble du monde culturel flamando-néerlandais durant la même période. Des poèmes du Dunkerquois  Michel de Swaen en passant par la grammaire  du Casselois d’Andries Steven ou par les annales de nos communes, tous les documents écrits ou imprimés correspondent au néerlandais écrit de l’époque.  Avec, certes, la syntaxe et quelques mots parfois influencés par la pratique orale locale. Il y a donc bien des zones ‘d’intercompréhension’ entre le monde néerlandophone et le flamand dialectal, même si des siècles nous séparent.
    C’est pourquoi on ne peut laisser passer les  choix de l’AVNT en matière d’orthographe du flamand. Vos panneaux d’information sont cousus de fautes à quasiment toutes les lignes, l’écriture pseudo phonétique du flamand n’a aucune référence lexicale, et certains néologismes farfelus de votre choix font bondir les derniers locuteurs du Vlaamsch. Et il n’ y a en effet pas ‘d’intercompréhension’ avec les touristes flamands et néerlandais qui sont les seuls à essayer de lire ces panneaux, ni avec les Flamands de France qui eux ne sont, pour la plupart, pas dans la possibilité de les comprendre. On peut franchement se demander pourquoi  enseigner et rénover une langue si celle-ci ne sert pas à la communication et au dialogue du plus grand nombre.  On ne peut prendre l’enseignement du flamand au sérieux que s’il sert aussi à établir un lien avec l’orthographe du néerlandais à chaque fois que c’est possible. Plutôt que de leur raconter des balivernes et par respect pour celles et ceux qui suivent votre enseignement.
  8. Tu utilises le terme ‘néerlandais’ en seul lien avec le territoire de l’Etat actuel du même nom. Décidément, ta vision des choses est  pour la moins réductrice, voire tronquée  puisque, du journaliste Pancoucke jusqu’à l’historien Trénard – et j’en passe – , tous deux citoyens français que je sache,  la notion de ‘Pays-Bas’ a bien était utilisée dans notre région pour désigner l’ensemble des territoires rassemblés au bon vieux temps de nos XVII provinces. Les Etudiants Fédéralistes Lillois avaient imprimé un autocollant aux armes du lion et marqué Pays-Bas francais. C’était au temps où tu courrais encore dans Caestre en culottes courtes mais il est de bon ton pour un président de l’AVNT d’être au courant.
    Or, qui dit Pays-Bas dit ‘Néerlande’ et qui dit Néerlande dit néerlandais.  Et qui dit dialectes de la Néerlande dit dialectes néerlandais. C’est d’ailleurs Lodewijk de Baecker,  un ex vice-président du Comité Flamand de France, association que tu fréquentes bien je crois, qui a introduit au XIX siècle  l’appellation  ‘langue néerlandaise’ en France. Lodewijk doit se retourner dans sa tombe à vous lire et à vous entendre.
  9. J’ai participé activement  aux cotés de l’ami  Jan-Pol Sepieter aux premières tentatives de sauvegarde du flamand auxquelles tu te réfères. Et  j’en suis fier. C’était l’époque où il y avait encore vraiment quelque chose à sauver d’ailleurs.  Le cadre de l’opération était  bien ‘notre flamand est un dialecte du néerlandais langue de 23 millions d’Européens’.  Et pas la création d’un nouveau Volapük. Les dérives qui ont suivi sont une très mauvaise copie de l’original initié par les marxistes cachés de ma jeunesse, mélangeant allègrement  la notion prolétarienne de langue du peuple à la notion identitaire de langue du ‘volk’. Le déviationnisme, c’est comme les trains : un train peut en cacher un autre. C’est pourquoi leurs héritiers spirituels sont désormais représentés par la gauche caviar et le régionalisme honteux.
    Une révélation en guise de conclusion : le grand philologue et ami de notre Flandre, Cyriel Moeyaert, auquel tu fais allusion, sans citer son nom bien entendu,  fut abondamment consulté par JPS pour la rédaction de la première méthode d’apprentissage du flamand, qui fut ton livre de chevet me dis-tu. Affirmer que notre savant abbé soit contre le Vlaamsch qu’il a recensé sa vie  durant relève de la psychologie des profondeurs. A voir l’usure avancée des exemplaires de son dictionnaire du Frans-Vlaams présents dans les succursales de l’AVNT, j’en conclus que c’ est tout simplement de la jalousie.
    J’allais oublier : le titre d’inspecteur de néerlandais attribué à Cyriel Moeyaert n’est pas un crime mais une fonction tout à fait honorable, voire honorifique, que l’on ne donne qu’aux plus compétents des enseignants en Flandre belge pour couronner une carrière remarquable.
  10. Je t’invite à croiser le fer en public avec moi sur la question du Vlaamsch et de sa relation au néerlandais. En attendant, je  me ferai également le devoir de m’exprimer plus longuement sur le sujet dans une publication bilingue que je publierai  dans les prochains mois. En te remerciant pour l’inspiration.

Wido Bourel

Gepubliceerd

13.03.2016

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